Une large majorité des adhérents du PS grenoblois a voté jeudi soir contre la liste de candidats socialistes devant figurer sur la liste de Laurence Ruffin. Avec 27 "non" et 22 "oui", le deal tombait à l'eau.
Mais Paris a volé à la rescousse d'Amandine Germain, Cécile Cenatiempo, Michelle Daran, Emmanuelle Bertrand, Hassen Bouzeghoub, Thibault Martin, Kyllian Bures et David Bousquet, les huit socialistes qui doivent intégrer la liste de Laurence Ruffin, en jetant le résultat du vote à la poubelle et en validant l'alliance.
Une véritable opposition interne à cette union qui est pourtant historique, tant PS et écologistes se sont rarement entendus dans la capitale des Alpes. Le groupe PS du conseil municipal figurait jusque là dans l’opposition à la majorité d'Eric Piolle, dont il critiquait particulièrement fortement l’abandon de tout dialogue et des quartiers.
Le choix de Amandine Germain, élue avec les Verts au conseil départemental de l'Isère et favorable au soutien de Laurence Ruffin, comme cheffe de file passait mal chez certains militants.
Des blessures pas encore cicatrisées
Le psychodrame du choix des candidats PS a d’autant plus ravivé les blessures que Laurence Ruffin s’est inscrite dans la continuité des méthodes considérées comme musclées d’Eric Piolle : elle a ainsi récusé tout candidat PS qui n’aurait pas voté en interne pour l’alliance avec elle et interdit la constitution future d’un groupe PS au conseil municipal pour s'assurer d'une certaine discipline au sein de sa majorité en cas de victoire en mars prochain.
De plus, les élus PS qui avaient fait dissidence avec leur parti en 2020 en ralliant Eric Piolle ont été les premières victimes de la majorité en étant brutalement démis de leurs fonctions d’adjoints au maire pour avoir seulement débattu de l’opportunité de la hausse de 30% de la taxe foncière, qu’ils avaient pourtant finalement votée.
Ces prémices de la pérennité d’une machine politique implacable, qui est un des points de crispation du bilan Piolle, tombe mal pour la candidate de la majorité sortante.
En mettant en œuvre les mêmes méthodes contre le PS, Laurence Ruffin prend le risque d’apparaitre comme un clone du maire écologiste, prolongeant un système de gouvernance identique.
Pour le parti à la rose, qui a longtemps dirigé Grenoble par le passé, accepter de passer dans ses fourches caudines reviendrait à disparaitre du paysage politique local.
D'où cette bataille interne à laquelle on assiste, avec le camp de ceux qui ne veulent pas s'effacer, derrière lequel semble s’être rangé l’ancien député-maire, Michel Destot.
L’autre candidat de la gauche, Romain Gentil (Place Publique) pourrait tenter de profiter de l’opportunité. A moins qu’au final, le candidat de l’opposition, Alain Carignon avec "Réconcilier Grenoble" ne soit le bénéficiaire de ceux qui veulent tourner la page ?