Grenoble : la progression mafieuse inquiète les entreprises

Grenoble : la progression mafieuse inquiète les entreprises

Un "système tout à fait mafieux (...) comme dans les films américains sur la mafia : soit tu payes soit tu ne peux plus travailler".

Cette phrase-choc lâchée par Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, au micro d’Europe 1 a libéré la parole publique. Même si, du côté des entreprises, on demeure discret pour des raisons bien compréhensibles. Pourtant ce sont les principales victimes, avec les collectivités locales, dont les travaux sont souvent paralysés et leurs coûts renchéris.

A Grenoble les observateurs sont frappés par l’arrogance des racketteurs qui n’hésitent pas à s’afficher : la construction par la ville du centre de santé de Villeneuve a été bloquée plusieurs mois avant qu’une miraculeuse société de sécurité ne permette de la reprendre. Idem avec le chantier de GrandAlpes dont les premiers bulldozers ont été brûlés. Puis les travaux de voirie de Grand'Place interrompus après qu’un ouvrier a même été molesté.

Ce dernier épisode a fait grand bruit alors que les précédents avaient été passés sous silence.

D’une délinquance marginale à Grenoble qui a toujours existé, la ville semble être passée sous une emprise bien plus large et plus menaçante qui pénètre bien des secteurs. Selon toutes les sources policières les quartiers dans lesquels s’abritent "les petites mains" de ces mafias sont devenus des forteresses. Dans lesquelles les forces de l’ordre ne peuvent qu’effectuer des incursions très organisées.

Le reste du temps, un autre ordre règne. Celui des dealers qui étendent leur activité au racket. Lequel concerne aussi certains commerces de proximité contraints au blanchiment.

L’exemple de la salle municipale du quartier Mistral que les délinquants ont décidé d’occuper pour mieux organiser leurs trafics est emblématique : les associations de quartiers en ont été chassées pendant des mois. Eric Piolle le maire EELV de Grenoble avait refusé de répondre à son opposition  de savoir s’il avait déposé une plainte. La salle désormais inutilisable, car à nouveau saccagée, avait pourtant été rénovée récemment par la ville après qu’une voiture-bélier l’a défoncée.

Eric Vaillant en appelle aux témoignages des victimes mais les entreprises se trouvent confrontées à une situation de fait : le terrain est profondément miné par la présence de bandes qui peuvent se succéder les unes autres sans discontinuer. Seule leur éradication leur apporterait la sérénité. Dans le cas contraire elles doivent vivre avec. 

L’affrontement violent qui a opposé à ce sujet Eric Piolle à Alain Carignon (LR) lundi au conseil municipal démontre que cette question va monter à l’approche du renouvellement municipal. Alors que le premier évoquait "son lien" avec ses partenaires institutionnels, le second demandait avec insistance pourquoi la municipalité victime ne déposait pas plainte avec constitution de partie civile. Réclamant "un signal fort".

Eric Piolle se défendait également sur l’accusation de "ghettoïsation" des quartiers, dégageant sa responsabilité sur les règles d’attribution de logements et sur la Métropole.

Mais en reconnaissant de facto l’ensemble des phénomènes qui gangrènent sa ville et leurs conséquences et en se refusant en parallèle à faire un pas, même judiciaire, pour tenter de les limiter, Eric Piolle se place dans une position statique propice à recevoir des coups. Si la situation décrite par les entreprises devait perdurer, voire s’amplifier, la ville serait confrontée à un défi considérable.

On voit mal alors comment le Maire de Grenoble pourrait demeurer sur l’Aventin.

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